Les Immatriculations militaires de la guerre 1914-1918, par Thierry Baudin                           

    A l’arrière plan de toute série d’immatriculation, il existe nécessairement un statut particulier qui vient la différencier des autres, que ce statut caractérise les véhicules eux-mêmes (la différentiation est fiscale le plus souvent) ou leur propriétaire (Etat, armée, diplomate, exploitant agricole, …). Ce n’est que de façon tout à fait récente que les systèmes nationaux, comme notre SIV, arrivent à gommer la plupart – pas toutes – de ces notions que la nature de la série ou son organisation (autour de blocs ou de tranches spécifiques) reflètent d’habitude.
A l’opposé, une fois que cette catégorisation a été effectuée, elle est invariable. Par exemple, le dernier bloc de l’immatriculation FNI a toujours représenté le département, et la première position d’une immatriculation diplomatique indique nécessairement le pays étranger dont la France accueille un représentant. Enfin, dans notre pays, l’information contenue dans un numéro d’immatriculation donné se rapporte uniquement au propriétaire ou à l’utilisateur (tout à l’ « aval ») sans que rien ne vienne prendre en compte, à un niveau ou à un autre, le fabricant ou encore l’organisme qui a mis en service le véhicule (en « amont »). 
Eh bien, rien de tout cela avec les immatriculations militaires de la Première Guerre mondiale, puisqu’on va voir qu’au cours des années, les catégorisations se sont successivement rapportées à  (i) l’utilisateur, (ii) l’organisme qui avait livré le véhicule à l’utilisateur, (iii) l’organisme qui avait passé commande du véhicule et l’avait réceptionné…   
Si l’on sort du périmètre propre à la connaissance des immatriculations, pour arriver au domaine qui nous rassemble tous – la collection de plaques –, le sujet fait encore exception. C’est bien dommage, mais il n’existe pas aujourd’hui de plaque militaire de cette période qui soit recensée au sein d’une collection ou d’une autre… D’abord parce que les immatriculations étaient peintes sur la carrosserie, et non sur des plaques amovibles qui auraient pu être démontées un jour ou l’autre, ensuite parce que l’on remonte 100 ans en arrière et que les plaques françaises antérieures à 1920, voire 1925 sont extrêmement rares dans les collections. 
Ce cumul de handicaps qui interdirait autrement tout essai de description de la série est heureusement compensé par un autre phénomène. Grâce à la couverture photographique très large dont la Grande Guerre a bénéficié, des milliers de photos de véhicules militaires sont disponibles aujourd’hui. Toutes viennent attester la série et surtout sa grande consistance, ce qui fait apparaître comme une distorsion, puisqu’aucune plaque n’a été conservée, qu’il n’existe pas de témoignage matériel.  

                                                                                                        Une fois ce préambule dépassé, venons-en au sujet en lui-même :

                 
                 
                  Coll. F. Vauvillier, extrait de GBM 98, © H&C 2011
De quoi s’agit-il exactement ?

Cette série est bien sûr celle que l’on constate sur toutes les photos de véhicules militaires de la période de guerre, qui montrent une immatriculation directement peinte sur la carrosserie, à l’avant ou sur le capot, figurant un simple numéro matricule. Sur le plan stylistique, certains numéros pourront être un peu plus gras, un peu plus hauts, un peu plus élégants, mais tous auront été peints au pochoir. Le système a commencé à 1, et a atteint les 235 000 à la fin du conflit, des numéros nettement supérieurs ayant été attribués ensuite – dans les 250 000 –,jusqu’à la fin de 1922. C’est à ce moment que ce système a été remplacé par le deuxième système militaire français, qui se distinguait par la présence d’un drapeau national en tête de l’immatriculation.












L'immatriculation 223 114 portée par ce tracteur d'artillerie Latil est représentative des numéros les plus hauts atteints par la série numérique à la fin du conflit, de l'ordre de 235 000.

La situation d’avant 1914 : pas d’immatriculation militaire
Il faut rappeler qu’avant la guerre, aucune immatriculation militaire n’avait vu le jour, le peu de véhicules investis par l’armée (un peu moins de 500 au total) étant immatriculés dans la série civile, pour ceux capables de dépasser l’allure de 30 km/h. Les autres – des camions pour la plupart – ne l’étaient pas, du fait de l’application de cette disposition sur la vitesse minimale que l’arrêté de 1901 avait retenue pour justifier d’une immatriculation. 

Les véhicules engagés aux armées au tout début de la guerre le furent donc sous leur immatriculation civile, ceux n’en disposant pas ayant pu recevoir des immatriculations militaires de circonstance, sur lesquelles on sait très peu de choses. Ensuite, à partir de septembre et durant tout le dernier trimestre de 1914, devant la perspective que la guerre durerait plus longtemps que prévu, l’armée dut commencer à mettre en service un nombre important de véhicules, comme les premiers camions français achetés en masse, les premiers camions britanniques et américains, et les premières automitrailleuses. Pour identifier ces véhicules qui venaient grossir les rangs des unités automobiles, des immatriculations purent également être créées dans l’urgence, sans qu’on en sache beaucoup plus à leur sujet.

L’organisation logistique mise en place, la série matricule unique

Pendant la même période – le dernier trimestre de 1914 –, le GQG du général Joffre avait eu le temps de reprendre ses esprits et de mettre en place une logistique à 3 niveaux :

. les C.A.M.A. (Centres d’ approvisionnement de matériel automobile), situés à Vincennes et à Lyon, commanderaient les véhicules aux constructeurs, suivraient leur livraison et les réceptionneraient ; celui de Vincennes serait naturellement dédié aux constructeurs situés en région parisienne, aux britanniques et aux américains, celui de Lyon traitant avec ceux de la région lyonnaise (le second pôle, très important par lui-même, de cette industrie) et, par proximité, Peugeot à Montbéliard et FIAT à Turin ;

. les parcs d’organisation automobiles, situés à Dijon et à Versailles, recevraient les véhicules des C.A.M.A. et constitueraient des unités automobiles complètes pour les envoyer aux armées (voir ci-contre) ;

. les services automobiles des armées étaient confirmés dans leur rôle d’utilisateurs finaux, chargés de la répartition, de l’usage et de l’entretien ordinaire des véhicules dont ils auraient la responsabilité ; rappelons à ce stade que l’armée française comptait en tout 8 armées – une armée étant l’organisation unitaire de plus haut niveau – et deux détachements d’armée, de taille plus réduite ; chacune de ces entités disposait de son propre service automobile.




   Inexistantes avant 1914, les ambulances ont représenté une part importante des véhicules spécialisés mis en service au    cours de la guerre ; le matricule 49 233 de celle-là, une Renault, apprend qu'elle a été livrée dans le courant de 1915 par    le parc d'organisation de Versailles :

              
            
              Coll. F. Vauvillier, extrait de GBM 98, © H&C 2011

Les véhicules déjà en usage, et tous ceux à venir, il faudrait bien les identifier pour en gérer l’affectation et l’entretien, d’où la création de la fameuse série numérique, à la fin de novembre 1914. A ce moment et jusqu’au premier trimestre de 1915, la première priorité était de recenser les véhicules en service, ceux présents au déclenchement des hostilités autant que ceux livrés pendant les premiers mois de guerre. Tous étaient déjà entre les mains des armées, de sorte qu’il est normal que le dénombrement se soit effectué à ce niveau – le plus bas –, avec des tranches de numéros matricules attribués à chaque service automobile d’armée. 

A la mi-1915, les dernières réimmatriculations (en remplacement d’immatriculations civiles, d’immatriculations de circonstance forgées à la mobilisation ou pendant les premiers mois) étaient terminées, n’étant plus employée aux armées que la série numérique unique. 

Attribution aux parcs d’organisation puis aux centres d’approvisionnement des opérations d’immatriculation 
Au même moment – le premier trimestre de 1915 – les parcs d’organisation devinrent suffisamment opérationnels dans leur rôle de fournisseurs d’ensembles complets de véhicules (appelés « sections automobiles » dans le vocabulaire militaire) pour que la responsabilité d’immatriculer remonte à leur niveau. Différentes tranches furent donc affectées au parc de Versailles et à celui de Dijon, dont on peut noter que l’importance était un peu moindre que celle du premier. 

A partir du début de 1916, la stabilisation de la logistique d’approvisionnement des véhicules et la globalisation qui en découlaient eurent comme conséquence que les C.A.M.A. assurèrent désormais l’immatriculation des véhicules qu’ils réceptionnaient. Les tranches affectées à l’un et à l’autre, toutes de taille importante, démontrent cette fois une relative prédominance de Vincennes par rapport à Lyon. Cette situation ne reçut pas de modification jusqu’à la fin de la guerre, ni même la fin du système en décembre 1922. 

100 ans après, quelle lecture faire des numéros conservés ?
Quelques enseignements peuvent être globalement tirés, avec les remarques associées :
 

· que les numéros aient été affectés au sein de tranches de taille importante, et aussi qu’il y ait eu deux ruptures dans la logique de leur attribution, avec des entités attributaires de nature différente au fil du temps, se traduit par le fait que tous n’aient pas été utilisés ; des trous sont perceptibles dès le milieu du système – vers les 140 000 –  et surtout à sa fin – au delà de 200 000 ;

· il est difficile de déceler une cohérence, même limitée, entre les modèles des véhicules et les tranches : 

-  c’est bien sûr impossible pendant la première période quand les services automobiles des armées immatriculent les véhicules déjà en service ;
- quand ce sont les parcs d’organisation qui immatriculent, on arrive à repérer quelques agglomérats de modèles spécifiques, parce que produits en grand nombre et immatriculés dans des tranches de taille relativement limitée encore ;

- enfin, l’attribution de larges tranches aux C.A.M.A. provoque une dilution certaine, phénomène accentué avec l’apparition des trous mentionnée plus haut ; à l’opposé une logique « territoriale » se dessine nettement entre Vincennes et Lyon, quant aux constructeurs représentés au sein desdites tranches : on en a l’illustration avec le fait qu’il n’y a pas de contre-exemple à l’immatriculation des Renault, produites à Boulogne, par le C.A.M.A. de Vincennes, ni de celle des camions Berliet, dont l’usine est située à Vénissieux, par le C.A.M.A. de Lyon.
  

Les autres séries de la guerre 
Même si elle a été de très loin la plus déployée, et celle dont la quasi totalité des photos disponibles est là pour témoigner aujourd’hui, la série numérique n’est pas la seule à avoir servi pour les véhicules de la Grande Guerre. Comme on l’a vu plus haut, elle s’est imposée à partir de la fin 1914 et a été utilisée exclusivement à partir de la mi-1915, mais elle ne concernait à ce moment que la zone des armées. Rappelons à ce stade qu’en période de conflit, la zone du front et de l’arrière-front est déclarée « zone des armées », qui passe sous la responsabilité du général en chef des armées, le reste du territoire devenant la « zone de l’Intérieur », dans laquelle l’autorité civile continue de s’exercer. 

A l’Intérieur, diverses séries à l’importante relativement réduite (de quelques dizaines à quelques milliers d’unités) ont été utilisées jusqu’à la fin de janvier 1916, c’est-à-dire au moment où les véhicules concernés ont commencé à être réimmatriculés au sein de la série numérique, en employant des tranches de taille limitée, mais bien délimitées.

Les immatriculations de réquisition 
Rappelons encore que la réquisition est l’opération d’achat par l’armée, à la mobilisation et ensuite à tout moment pendant le cours de la guerre, d’équipements ou de simples biens civils. Mise en place pour les véhicules à traction animale en 1877, elle avait été étendue aux véhicules à moteur en 1909. La réquisition proprement dite était précédée d’une phase de recensement et de classement – destinée à sélectionner les véhicules dignes d’intérêt – et suivie d’une étape de concentration. Au cours de celle-ci, les véhicules qui venaient d’être achetés étaient rassemblés et adaptés si nécessaire à leur destination militaire, avant d’être livrés aux unités, que ces dernières soient aux armées ou à l’Intérieur. Enfin, la réquisition était organisée à l’échelon de la région militaire, l’entité territoriale traditionnellement dévolue à la conscription et à la mobilisation, la France métropolitaine comptant en 1914 une vingtaine de régions militaires.     














Une instruction de l’Etat-major prévoyait qu’à la réquisition, les véhicules dussent prendre une immatriculation spéciale, consistant en une lettre caractéristique de la région militaire, suivie d’un numéro de série (voir carte ci-contre). A la déclaration de guerre, cette disposition ne fut pas appliquée –  faute de temps sans doute –  aux véhicules réquisitionnés dans ce qui était déjà la zone des armées, ou qui devaient y être convoyés sans tarder. A l’opposé, dans la zone de l’Intérieur, les immatriculations de réquisition furent appliquées, mais avec un empressent très variable selon la région militaire. En effet, il se passa à l’Intérieur la même chose qu’aux armées, les véhicules arrivant à conserver leur immatriculation civile. Pour se conformer finalement à l’instruction, les services automobiles de l’ensemble des régions militaires de l’Intérieur eurent fini de réimmaticuler leurs parcs avec ce format de réquisition vers la mi-1915. Six mois plus tard, les mêmes services recevaient l’ordre d’abandonner ce format pour passer à la série numérique unique, chacun d’entre eux bénéficiant d’une tranche de numéros spécifique à son usage.

  Cette carte-photo datée de la fin de 1914 représente la voiture Berliet affectée à un général membre du 
  conseil supérieur de la Guerre ; même si le marquage R 413 est peu visible, il s'agit là d'un des rares 
  témoignages photographiques de l'existence des immatriculations de  réquisition.

                     
                     
                      Coll. F. Vauvillier, extrait de GBM 98, © H&C 2011

                     

Rare cliché que celui-là, pour illustrer la série RM affectée à la réserve ministérielle au début de la
guerre ; le faible numéro - RM 201 - indique que ce beau torpédo Peugeot a été incorporé à la réserve dès août 1914.


Coll. F. Vauvillier, extrait de GBM 98, © H&C 2011

Les immatriculations de la Réserve ministérielle
 En parallèle avec les véhicules réquisitionnés en vue de leur affectation aux armées ou aux  régions militaires de l’Intérieur, il était nécessaire d’en réserver d’autres spécialement, pour servir de voitures de fonction à disposition des ministères et aussi de voitures de liaison. On alla chercher celles-ci parmi les voitures réquisitionnées à Paris, dès le début d’août 1914. Le parc ainsi constitué pris le nom de réserve ministérielle et ses voitures reçurent une immatriculation comprenant les lettres RM, suivies d’un numéro de série.

 Aux premiers jours de septembre, devant l’avancée allemande qui menaçait la capitale, le gouvernement dut se replier à Bordeaux, en emportant avec lui la plus grande partie de la réserve. Sur Bordeaux, celle-ci fut augmentée, situation qui ne manqua pas de générer des doublons, comme le préfixe RM était utilisé dans les deux villes et que le parc resté à Paris continuait de croître aussi… Pour remédier à ce souci, Paris conserva la marque RM, et Bordeaux dut passer en RMB les véhicules qui s’étaient ajoutés dans cette ville, et en RMP ceux qui étaient venus de Paris.  

La menace allemande éloignée, le gouvernement revint à Paris à partir de la fin de décembre 1914. En mars 1915, la transformation de la réserve ministérielle en réserve générale automobile (R.G.A.) survint à point pour prévenir tous les problèmes à attendre de la gestion d’un parc aux immatriculations décousues, en RM, RMB, RMP… En effet, la R.G.A. ne tarda pas à réimmatriculer l’ensemble de son parc avec les lettres RGA, toujours suivies d’un numéro de série.

Comme les autres organisations automobiles de la zone de l’Intérieur, la R.G.A. reçu au début de 1916 une tranche, celle-là assez importante, pour passer tout son parc dans la série numérique unique.


Les immatriculations du D.M.A.P.
Sous cet acronyme peu explicite se cache le dépôt de matériel automobile et de personnel, une entité dont la vocation nationale revêtait deux aspects : la réparation, le reconditionnement ou la transformation de véhicules non neufs, en parallèle avec la formation des conducteurs. Le D.M.A.P s’était implanté au premier trimestre de 1915 à Boulogne, ville repassée depuis peu dans la zone de l’Intérieur. Il est donc normal que les camions affectés à cet établissement pour l’entraînement des conducteurs aient reçu une immatriculation distincte : les lettres DMAP, suivies d’un numéro de série, ce dernier dans la séquence 1000 ou 2000.

Là encore, le D.M.A.P. reçut au début de 1916 une tranche spécifique pour réimmatriculer tout son parc dans la série numérique. 





 Avec son numéro DMAP 1022, ce Star britannique est représentatif des camions affectés  à la formation des conducteurs, tels que les photographies les dépeignent dans le courant de  1915; en particulier, le numéro porté est toujours issu des séries 1 000 ou 2 000.

           
            Coll. F. Vauvillier, extrait de GBM 98, © H&C 2011


Photographiée dans la cour des Invalides, cette ambulance Lancia avec son marquage Z 21 438 illustre parfaitement la réintroduction de la lettre Z pour identifier les véhicules du G.M.P., dès lors que la région parisienne cesse d'être englobée dans la zone des armées, à partir de janvier 1915.

                       
                        
 
                        Coll. F. Vauvillier, extrait de GBM 98, © H&C 2011

Le cas particulier du G.M.P.
Le gouvernement militaire de Paris (G.M.P.), dont la juridiction s’étendait aux départements de la Seine et de la Seine-et-Oise, n’a jamais bénéficié d’immatriculations en propre. A l’opposé, son cas illustre pleinement la dualité de traitement, entre zone des armées et zone de l’Intérieur, qui a perduré jusqu’au début de 1916, quant au modèle d’immatriculation à appliquer. Il  relève même de la schizophrénie, tellement cette différenciation est formelle, quand on l’applique au même territoire et aux mêmes véhicules :

· dès le début d’août 1914, les véhicules réquisitionnés dans le périmètre du G.M.P. reçurent des immatriculations de réquisition ordinaires, en se servant du préfixe Z comme lettre caractéristique (voir ci-contre), situation tout à fait normale comme la G.M.P. était à l’époque dans la zone de l’Intérieur ;

· en novembre 1914, la mise en place de la série numérique concerna directement le G.M.P., puisqu’elle se trouvait dans la zone des armées depuis fin août 1914 : une tranche spécifique lui fut attribuée, comme à chaque service automobile de la zone des armées ;

· au premier trimestre de 1915, le G.M.P. repassa dans la zone de l’Intérieur, les véhicules de son service automobile reprirent le préfixe Z, que l’on se contenta d’ajouter aux numéros affectés deux ou trois mois plus tôt, au sein de la série numérique…

Comme les autres entités de l’Intérieur, le G.M.P. réimmatricula son parc dans la série numérique au début de 1916, une tranche lui étant réservée à cet effet.
Dans le courant de 1916, une fois toutes les réimmatriculations à l’Intérieur faites, il ne subsistait donc que des immatriculations militaires dans la série numérique, les deux zones confondues.

Quelques immatriculations à la marge
En complément des séries qui sont exposées ici parce que suffisamment documentées (textes réglementaires, photos), il a en existé d’autres, à propos desquelles la connaissance est très fragmentaire (pas de textes, ou textes connexes seulement, quelques rares photos) :

· immatriculations des C.I.A. (Centres d’instruction automobile) : situés eux aussi dans la zone de l’Intérieur, ces établissements destinés à l’instruction de catégories spécifiques de personnels (officiers, coloniaux, …) ont utilisé – sans doute jusqu’au début de 1916 encore – une série spécifique, caractérisée par le préfixe CIA ;

· immatriculations du Grand Quartier Général : le service automobile du G.Q.G. a utilisé dès le début de la guerre une série spéciale, caractérisée par l’emploi de préfixes divers qui dénotaient sans doute la direction du G.Q.G. détentrice du véhicule ; une tranche spécifique lui fut attribuée assez tôt au sein de la série numérique, dont le nouveau numéro venait vraisemblablement en complément du marquage propre au G.Q.G.

Pour en savoir plus
La science – bien inexacte –  des immatriculations est un domaine à part entière, même si sa compréhension dépend forcément de la connaissance du contexte, celui du service automobile de la guerre 14-18 en l’occurrence. On a suivi ici le parti de décrire systématiquement les séries les unes après les autres, comme c’est l’usage dans toute littérature sur le sujet, le contexte historique n’ayant été exposé que pour ce qui était nécessaire à la compréhension du sujet principal. En particulier, on a laissé de côté les évolutions que le service automobile militaire a subies au fil des années, évolutions  dictées par le cours de la guerre et qui ont justement conduit – entre autres conséquences – à la mise en place de toutes les séries décrites, à la généralisation de la série unique, ...

On comprend alors que le sujet peut bénéficier d’un autre article, dans lequel le contexte serait précisé, la chronologie respectée plus complètement, l’enchaînement des différentes phases mieux explicité. Les deux lectures pourraient se compléter… Le numéro 98 (octobre-novembre-décembre 2011) de la revue GBM (Guerre, Blindés, Matériel) contient justement un article de ce genre. Dans la revue de référence des passionnés de matériel militaire 1914-1940, cet article de 16 pages est illustré de nombreuses photos d’époque et comporte organigrammes et tableaux et représente un complément, une vision à 180° ou presque, au présent travail.